Selon le même rapport de l’OCDE que nous avons cité plus haut, les technologies médicales contribuent au prolongement de la vie humaine et à la diminution de la douleur, du risque pathologique et de l’invalidité. Parallèlement, ces technologies sont un facteur important de dépenses et leur mode de diffusion montre que celles qui sont efficaces et efficientes ne sont pas toujours adoptées le plus rapidement. Cela s’explique par le fait que l’implantation de ces technologies dans les systèmes de santé est une tâche complexe et dispendieuse. Ainsi, le même rapport conclue que le progrès technologique dans les pays de l’OCDE est positivement corrélé aux résultats sur le plan de la santé et à la qualité de vie des patients.
Les changements technologiques peuvent à la fois réduire le coût par patient, améliorer la qualité et diminuer le risque pour les patients, ce qui accroît le nombre de patients (en termes d’utilisation et de demande pour ces technologies là). De ce fait, les avancées technologiques augmentent certes l’efficacité, pourtant, elles « ne s’accompagnent pas nécessairement d’économies pour les budgets de santé ou sur la société »[1]. En effet, pour valoriser et vulgariser les technologies médicales, il faut déployer des efforts monstres.
Nous remarquons donc que le rôle de la technologie médicale est considéré comme déterminant dans les coûts de la santé. D’ailleurs, il ressort des études menées par Aaron (1991), Jones (2002) et Newhouse (1992) que jusqu’à 50 % de l’accroissement des dépenses de santé totales peuvent être attribuée au progrès technologique.
Cette discussion fait ressortir plusieurs thèmes. Tout d’abord, lors de leur introduction dans les pratiques médicales, les nouvelles technologies sont souvent assez mal connues. L’apprentissage en aval suscite de nombreuses améliorations, qui peuvent à leur tour entraîner des modifications de la technologie elle-même ou de ses applications. Le principal problème est que l’implantation de ces technologies se fait plus rapidement que la formation des technologues. Par conséquents, plusieurs ordres professionnels dont l’Ordre des technologues en radiologie du Québec (OTRQ) sont obligés de lancer des cris d’alarme, car le nombre de traitements en radiologie ne cesse d’augmenter à cause du vieillissement de la population, tandis que le personnel se fait de plus en plus rare. Cela engendre donc des coûts énormes surtout pour les médecins qui sont très souvent obligés de reporter leur diagnostic, car ce dernier dépend fortement des analyses des technologues. Les patients doivent donc attendre plusieurs jours avant de subir des exams.
Par ailleurs, vu le haut niveau d’expertise que requiert l’utilisation de ces machines et la pénurie de technologues surtout au Québec, d’importantes sommes doivent être déboursées pour assurer la bonne formation du personnel soignant. Quand bien même des technologues sont disponibles, les salaires de ceux-ci doivent tenir compte de leur haute qualification sans ignorer les heures supplémentaires qu’ils doivent souvent faire. Et M. Jacob de renchérir que le rythme d’implantation des nouvelles technologies a un effet considérable sur le personnel. Si tantôt il affirmait que ces technologies réduisent la demande de personnel, il n’en demeure pas moins qu’elles exigent une grande adaptation pour le personnel restant. «Par exemple, il existe plus de 5000 catégories d'instruments technologiques, de toute nature, sur le marché. Si on ajoute à cela le nombre de modèles, on se retrouve avec plus de 50 000 articles pouvant être utilisés dans un hôpital. Ces innovations ont un impact sur la qualification de base de la main-d’œuvre et sur les besoins de formation continue.»[2]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire